Depuis 2015, la France compte de plus en plus de maisons et bâtiments à énergie positive, marquant un tournant écologique notable dans le domaine de la construction. Ces habitations, conçues pour produire plus d’énergie qu’elles n’en consomment, répondent à la fois aux préconisations de la réglementation thermique de 2020 (RT 2020) et au label Énergie + Carbone – (E+/C-), soulignant leur efficacité énergétique et leur faible impact carbone. Cet article explore en détail les avantages et inconvénients de ces habitations du futur, offrant une perspective sur leur place dans la transition écologique en France.
Qu’est-ce qu’une maison à énergie positive ?
Définition et objectifs
Une maison à énergie positive (aussi appelé bâtiment à énergie positive ou BEPOS) est définie comme un habitat dont la production énergétique, qu’elle soit thermique ou électrique, surpasse sa consommation. Cette performance repose sur l’intégration de technologies avancées et sur une conception attentive qui équilibre les besoins en énergie des occupants avec la capacité de production énergétique du logement. Le concept émerge d’une démarche collaborative entre les acteurs de la construction et les pouvoirs publics, s’inscrivant dans la continuité des objectifs de performance énergétique fixés notamment par le Grenelle de l’environnement en 2007. Ce dernier visait à réduire la consommation d’énergie, améliorer les performances thermiques des bâtiments et encourager le recours aux énergies renouvelables.
Ces logements, bien que ne bénéficiant pas d’un label officiel spécifique, incarnent un idéal de performance énergétique qui devrait guider les normes de construction futures. Leur principe repose sur une approche simple mais révolutionnaire : combiner efficacité énergétique et production renouvelable. L’objectif est de viser une autonomie énergétique, en réduisant la dépendance aux énergies externes et la part significative de la consommation énergétique des bâtiments en France, qui s’élève à 44%.
Son fonctionnement
Pour qu’une maison soit considérée comme à énergie positive, elle doit adopter un fonctionnement spécifique. Ces habitations doivent produire plus d’énergie propre qu’elles n’en consomment, couvrant ainsi tous les besoins quotidiens des occupants grâce à leurs propres installations. Ce résultat est atteint grâce une combinaison de stratégies comme :
- Conception bioclimatique (ex : agencement intelligent des pièces) et orientation stratégique pour maximiser la production photovoltaïque.
- Isolation thermique de haute qualité pour limiter les pertes ;
- Optimisation de l’apport gratuit en chauffage et éclairage par le biais d’une architecture réfléchie.
- Mise en œuvre de systèmes énergétiques basés sur les énergies renouvelables, tels que les panneaux photovoltaïques, les pompes à chaleur, ou encore les chauffe-eaux solaires. Ces systèmes en autoconsommation réduisent la dépendance aux énergies fossiles et permettent de réinjecter le surplus énergétique dans le réseau électrique local, contribuant à une balance énergétique positive.
- Utilisation d’équipements à faible consommation.
- Utilisation de matériaux de construction qui ont une faible énergie grise. L’énergie grise correspond à l’énergie consommée tout au long du cycle de vie d’un produit, depuis sa fabrication jusqu’à son recyclage.
- Le plus : système de récolte d’eau de pluie.
Tout au long de la création d’une maison à énergie positive, la collaboration entre architectes et bureaux d’études thermiques est fondamentale pour concevoir et réaliser des bâtiments qui répondent à toutes ces exigences.
Comparaison : maison à énergie positive vs maisons passives et basse consommation
Dans le panorama des habitations écologiques et économes en énergie, les maisons à énergie positive, passive, et basse consommation (BBC) représentent des concepts clés aux caractéristiques et objectifs distincts, bien qu’ils partagent le même souci d’efficacité énergétique.
Les maisons passives, ou bâtiments à énergie passive (BEPAS), se caractérisent par leur capacité à minimiser les besoins en chauffage grâce à une excellente isolation, une architecture réfléchie favorisant les apports solaires gratuits, et la récupération de chaleur interne. Elles ne nécessitent pas de système de chauffage actif, s’appuyant plutôt sur des sources de chaleur passive comme le soleil ou celle dégagée par les occupants et les appareils électriques. Pour être qualifié de passif, un bâtiment doit consommer moins de 15 kWh par an et par m² pour le chauffage, se chauffant ainsi avec un minimum d’énergie externe.
Les maisons BBC, quant à elles, sont des habitations qui affichent une consommation énergétique très basse conformément aux normes de la réglementation thermique 2012 (RT 2012) et sont reconnues par le label BBC. Ce label garantit une consommation énergétique réduite pour divers usages tels que le chauffage, la climatisation, l’éclairage, l’eau chaude sanitaire, et la ventilation. Les propriétaires de logements BBC peuvent bénéficier de certains avantages fiscaux, comme une réduction de la taxe foncière, sous réserve de répondre aux critères établis localement.
Les trois concepts illustrent différentes approches pour répondre à la même problématique. Les maisons passives et BBC mettent l’accent sur la réduction de la demande énergétique par le biais de l’efficacité énergétique, tandis que les maisons à énergie positive se concentrent sur la balance énergétique nette, visant à produire plus d’énergie qu’elles n’en consomment, offrant ainsi une solution plus ambitieuse pour l’avenir de la construction durable.
Avantages d’une maison à énergie positive
Opter pour la transformation ou la construction d’une maison à énergie positive offre une multitude d’avantages et de bénéfices :
- Économies d’énergie substantielles : les maisons à énergie positive génèrent une quantité d’énergie supérieure à celle qu’elles consomment, permettant ainsi de réaliser d’importantes économies sur les factures d’électricité et de chauffage. De plus, le surplus d’énergie produit peut être revendu au réseau électrique, générant un revenu complémentaire pour les propriétaires.
- Réduction de la dépendance énergétique : en produisant leur propre énergie, ces maisons réduisent la dépendance aux fournisseurs d’électricité et aux fluctuations des prix de l’énergie, offrant une plus grande stabilité financière aux ménages.
- Contribution à la transition énergétique : la production d’énergie renouvelable sur site favorise le développement des énergies vertes et accélère la transition vers une économie moins carbonée.
- Impact environnemental limité : en limitant le recours aux énergies fossiles et en réduisant la consommation d’énergie primaire, les BEPOS contribuent à la lutte contre le réchauffement climatique et préservent les ressources naturelles.
- Valorisation du bien immobilier : les maisons à énergie positive sont encore rares et leurs bénéfices nombreux, ce qui peut se traduire par un prix de vente supérieur par rapport à une maison standard.
- Amélioration du confort thermique : grâce à une isolation performante et à une conception bioclimatique, ces maisons offrent un confort thermique optimal tout au long de l’année, avec moins de variations de température entre les saisons.
- Avantages fiscaux potentiels : certains dispositifs législatifs encouragent l’investissement dans les habitations à haute performance énergétique, offrant des réductions d’impôts.
En bref, ces avantages font des maisons à énergie positive une solution d’avenir pour ceux qui cherchent à réduire leur impact environnemental tout en bénéficiant d’un habitat confortable et économiquement avantageux.
Inconvénients potentiels d’une maison positive
Bien que les maisons à énergie positive offrent une série d’avantages notables, elles comportent quelques inconvénients potentiels qui peuvent représenter des obstacles pour les futurs propriétaires :
- Coûts élevés : que ce soit pour l’achat ou la construction, les maisons à énergie positive représentent un investissement initial entre 15% à 20% plus élevé comparé aux maisons traditionnelles, en raison notamment de la technologie avancée et des matériaux hautement performants nécessaires.
- Complexité de construction ou de rénovation : trouver des entreprises ou constructeurs spécialisés dotées des compétences requises pour construire ou rénover une maison à énergie positive peut s’avérer difficile. Le processus de construction exige une expertise spécifique en raison de la diversité des techniques et des matériaux utilisés, ainsi que des systèmes énergétiques renouvelables intégrés.
- Nécessité de recourir à un architecte : l’élaboration des plans et l’obtention du permis de construire pour une maison à énergie positive requièrent obligatoirement l’intervention d’un architecte. Cette exigence s’étend également à la rénovation de bâtiments de plus de 150 m2.
- Dépendance au climat et à l’emplacement : l’efficacité d’une maison à énergie positive dépend largement de son exposition au soleil et de son emplacement géographique. Dans les zones à faible ensoleillement ou en milieu urbain dense, il peut être plus compliqué, voire impossible, d’atteindre une production énergétique positive.
- Limitations réglementaires ou techniques : certaines réglementations peuvent restreindre l’accès à des sources d’énergie économiques comme le gaz naturel, ce qui pourrait être un frein pour ceux qui cherchent à maximiser leur confort thermique tout en contrôlant leurs dépenses.
- Restriction de certains choix architecturaux et techniques : bien que compatible avec diverses formes architecturales, opter pour une maison à énergie positive peut limiter certains choix énergivores en matière de conception et d’équipements, qui doivent principalement être issus de sources d’énergie verte. De plus, l’orientation et l’inclinaison de la toiture sont cruciales pour optimiser le rendement des panneaux photovoltaïques, restreignant la liberté de design, notamment pour les toits plats ou à faible pente.
Comment transformer son habitation en maison positive ?
Transformer son habitation en maison à énergie positive, que ce soit par la construction ou la rénovation, nécessite une approche méthodique axée sur la réduction de la consommation énergétique et l’optimisation de la production d’énergie renouvelable. Voici un petit guide étape par étape pour atteindre cet objectif.
Pour les constructions neuves :
- Adoptez une architecture bioclimatique : concevez votre maison compacte pour qu’elle tire parti des conditions climatiques locales, réduisant ainsi les besoins en chauffage et en refroidissement. Assurez-vous que la forme de la maison minimise les échanges thermiques avec l’extérieur.
- Choisissez des matériaux performants : privilégiez le bois comme matériau de structure pour ses qualités d’isolation et sa faible énergie grise.
- Optimisez l’isolation : utilisez des laines végétales pour isoler les parois et les murs.
- Sélectionnez des équipements éco-énergétiques : privilégiez les énergies renouvelables comme la géothermie ou les panneaux solaires. Installez des systèmes de chauffage au sol et une ventilation avec pompe à chaleur pour maximiser l’efficacité énergétique.
- Améliorez l’efficacité de l’éclairage : optez pour des ampoules de basse tension et envisagez l’utilisation de détecteurs de présence pour les espaces moins fréquentés.
Pour la rénovation d’habitations existantes :
- Identifiez et isolez les fuites de chaleur : examinez attentivement la toiture, les murs, les fenêtres et les combles pour détecter les déperditions de chaleur, et isolez-les efficacement.
- Modernisez les fenêtres : remplacez les anciens vitrages par des modèles plus étanches et isolants.
- Optez pour une gestion intelligente de l’eau : utilisez l’eau de pluie pour l’irrigation et les besoins sanitaires.
- Rénovez les systèmes de chauffage et d’eau chaude : remplacez les équipements obsolètes par des technologies plus récentes et plus économes en énergie (pompes à chaleur, chauffe-eau thermodynamiques, etc.).
- Diminuer votre talon de consommation en adoptant des éco-gestes au quotidien : réduisez la consommation électrique de votre maison grâce à des dispositifs comme l’assistant connecté ecojoko. Avec son indicateur de consommation, vous surveillez en temps réel votre consommation d’électricité et repérez les équipements consommant le plus d’énergie. Grâce à l’application dédiée au suivi énergétique, mettez en pratique des comportements écoresponsables et limitez le gaspillage d’électricité. En diminuant votre consommation, atteindre un équilibre entre la quantité d’énergie consommée et celle produite devient plus simple.
- Installez des solutions de production d’énergie renouvelable : une fois votre talon de consommation au plus bas, vous pouvez envisager l’installation de panneaux photovoltaïques, de tuiles solaires, d’éoliennes et autres équipements pour produire votre propre énergie. Avec une installation photovoltaïque, le boîtier ecojoko et son application permettent de suivre en instantané votre consommation solaire et de gérer votre surplus photovoltaïque !
Solution connectée ecojoko : compteur de consommation électrique
Quel est le prix estimé d’une maison à énergie positive ?
Le coût d’une maison à énergie positive, qu’elle soit à construire ou issue de la transformation d’un bien existant, représente un investissement significatif. Les prix varient largement, allant de 1 300 € à 3 000 € par mètre carré, influencés par le constructeur choisi, la région, la taille et la configuration spécifique de la maison. En effet, les maisons de plain-pied tendent à être moins coûteuses que celles à étages.
Malgré l’investissement initial important, les bénéfices à long terme sont attrayants. Vous pourrez faire des économies sur les factures d’énergie et avoir un revenu potentiel de la vente d’électricité excédentaire produite par une installation solaire.
Quelles aides et subventions pour les maisons à énergie positive ?
Pour financer la transition vers une maison à énergie positive, diverses aides et subventions sont disponibles, pouvant réduire significativement votre investissement, parfois jusqu’à 70%. Ces aides sont conditionnées à l’utilisation d’entreprises certifiées RGE (Reconnue Garante de l’Environnement) pour les travaux de rénovation énergétique. Voici un aperçu des soutiens financiers principaux :
- La Prime Énergie : issue des certificats d’économies d’énergie (CEE), cette prime est accessible à tous et proposée par les fournisseurs d’énergie. Son montant dépend des travaux effectués, du revenu fiscal de référence, et de la localisation du logement.
- MaPrimeRenov’ : accessible à tous les ménages et aux copropriétés depuis octobre 2020, MaPrimeRenov varie également selon les travaux, le revenu fiscal, et le lieu de résidence.
- L’Éco-prêt à taux zéro (Eco-PTZ) : offrant jusqu’à 30 000€ sans intérêt, remboursable sur 15 ans, cet écoprêt est ouvert à tous les ménages, sans condition de ressources.
- Crédits d’impôt et réduction de taxe : des allégements fiscaux peuvent être accordés pour les travaux d’amélioration énergétique.
- Programmes de subventions de l’ANAH et aides locales : les programmes de l’Agence Nationale de l’Habitat (ANAH), ainsi que les aides financières régionales et locales, sont d’autres sources de soutien.
- Prime à l’autoconsommation solaire : lancée en 2017, cette prime à l’autoconsommation favorise les systèmes d’autoconsommation solaire avec revente de l’excédent d’énergie, visant à promouvoir et soutenir financièrement un projet photovoltaïque.
- Bonus : avec MaPrimeRenov’ et le bonus BBC, vous pouvez bénéficier d’un bonus allant jusqu’à 1 500€ si vous atteignez une étiquette énergie A ou B.
Pour finir, obtenir une certification ou un label énergétique, tel que E-/C+, après les travaux peut augmenter la valeur de votre bien et constituer un avantage en cas de vente ou de location. Il est recommandé de déposer un dossier auprès d’un organisme de certification reconnu avant d’entreprendre les travaux pour assurer la conformité et l’obtention du label souhaité.