Le 25 septembre dernier, Nathalie Lazaric, économiste pour le CNRS à l’Université Nice Sophia Antipolis était l’invitée de l’émission de France Inter pour nous parler de notre consommation d’énergie. En 2012, elle conduisait une étude concluant qu’il était possible d’économiser 23,3% d’énergie à la maison en chassant le gaspillage.
Un sujet méconnu, peu étudié et pourtant primordial
La discussion s’ouvre sur le paradoxe suivant : bien que l’économie d’énergie soit un élément essentiel de la transition énergétique, il s’agit d’un sujet peu promu malgré son importance et qui fait l’objet de trop peu d’études scientifiques. Plusieurs facteurs peuvent expliquer ce phénomène : la tradition en France d’une électricité relativement peu chère, une image pénible et peu attractive (par rapport aux éoliennes ou à l’installation de panneaux solaires), une mauvaise représentation des ménages de leur consommation…
Le peu de recherches dans ce domaine rend donc d’autant plus intéressante l’étude de Nathalie Lazaric menée en 2012 dans le petit village de Biot, dans les Alpes Maritimes. Est-on capable de réduire fortement sa consommation d’énergie quand on dispose d’informations précises ? C’est la question que l’étude cherche à élucider.
Comme vous nous le présentions dans un précédent article, l’étude a observé pendant un an le comportement de plusieurs groupes d’individus, dans un même village du sud de la France.
Trois groupes ont été constitués :
- Un groupe témoin : on leur a simplement demandé d’essayer de baisser leur consommation, et proposé à ces fins de lire leurs métriques deux fois par mois
- Un deuxième groupe qui avait accès à sa consommation en temps réel
- Un troisième groupe qui avait également à disposition deux prises connectées pour connaitre la consommation appareil par appareil
Une étude riche en perspectives
Qu’a réussi à montrer cette étude ? Tout d’abord que des informations sur leur consommation poussent les ménages à économiser de l’énergie. Les ménages du troisième groupe ont ainsi pu économiser en moyenne 23,3 % d’énergie en moyenne sur un an. Suivre sa consommation permet ainsi de faire des économies sur le long terme.
L’étude montre également que plus l’information fournie est fine, plus les participants prennent conscience et économisent. Ainsi, les foyers qui ont pu bénéficier du détail de leur consommation (appareil par appareil) ont sensiblement plus économisé que ceux qui avaient simplement accès à leur consommation globale en direct (cette information est cependant déjà pertinente pour diminuer sa consommation d’énergie).
Les chercheurs mettent également le doigt sur l’importance du levier comportemental pour réduire sa consommation d’énergie. Le groupe de test avec très peu d’informations sur sa consommation d’énergie a ainsi pu économiser 13% d’électricité. Le fait de participer à une expérience a ainsi été un facteur extrêmement motivant pour les participants, même pour ceux dépourvus d’information. Ils ont pu essayer d’apprendre par le voisinage, chercher sur Internet des informations pour comprendre les bonnes pratiques, ou participer à des réunions proposées par les chercheurs. La conclusion reste que visualiser sa consommation et son coût est plus efficace.
L’étude note enfin que les catégories socio-professionnelles qui ont le plus économisé sont les CSP+ (dans le cadre de l’étude, beaucoup d’ingénieurs travaillant dans la technopole de Sophia Antipolis) et les catégories les plus modestes.
Et après ?
Nous espérons donc que cette étude participera à l’effort qui est fait par certaines organisations, dont ecojoko, pour sensibiliser le grand public à l’importance des économies d’énergie dans le cadre de la transition énergétique. Il serait également appréciable que d’autres études (peut-être à plus grande échelle ?) soient conduites sur le sujet, afin d’élaborer des solutions encore plus pertinentes pour réduire le gaspillage énergétique à la maison !
L’émission à réécouter ici :