Plus de deux ans après sa sortie en salle, Demain le film continue de passionner et d’inspirer des solutions pour un monde plus durable. Retour sur ce documentaire devenu culte, véritable petite révolution dans l’univers des documentaires environnementaux.

De nombreuses solutions existent déjà

Demain le film est en effet l’un des documentaires les plus vus en France. Il a dépassé en salle le million d’entrée, presque un exploit pour un documentaire. Récompensé par l’oscar du meilleur documentaire en 2016, Demain le film recense les initiatives qui tendent de répondre aux défis environnementaux et sociaux du XXIème siècle. Comment un documentaire sur l’écologie a -t-il pu susciter un tel engouement ?

Le documentaire Demain commence pourtant de manière plutôt classique en citant une étude dont les conclusions ne sont guère réjouissantes : la possible disparition de l’humanité d’ici 2100. Sans s’attarder sur les causes de l’effondrement des écosystèmes (par ailleurs connues de tous), Cyril Dion, Mélanie Laurent et leur équipe partent explorer une dizaine de pays, à la recherche de solutions pour éviter cette catastrophe. Et c’est bien là que tout change : loin des habituels scénarios anxiogènes, le documentaire nous fait découvrir des initiatives autour de l’agriculture, l’énergie, l’habitat, mais aussi l’éducation et la démocratie… en s’attachant à montrer le lien entre ces différentes thématiques. En adoptant un axe positif et bienveillant, en mettant l’accent sur ce qui fonctionne plutôt sur ce qui fonctionne pas, le documentaire met à l’honneur ceux qui – avec leurs défauts et qualités – essayent de changer les choses.

On croise au détour de leur périple des personnalités charismatiques comme Pierre Rabhi, cofondateur comme Cyril Dion du mouvement Colibris, mouvement dont la philosophie imprègne le film, ou Rob Hopkins, professeur de permaculture. On y découvre des personnes actives, qui chacune à leur manière, apportent une pierre à l’édifice d’un monde meilleur : la permaculture pour en finir avec l’agriculture intensive, les monnaies locales pour court-circuiter les géants de la finance, les banques suisses et leurs approches collaboratives, etc.

Si l’approche est originale et le contenu d’une grande qualité, c’est sans doute aussi parce que le public français est très ouvert à ces sujets de transition écologique que l’accueil a été aussi bon. Nous ne pouvons nous empêcher de penser qu’un documentaire sur l’écologie devait se lancer depuis le pays de la COP21 et des accords de Paris.

Demain le film : L’envie de faire bouger les choses

Avec cette mosaïque de solutions, Demain le film avec son principal protagoniste Cyril Dion prône ainsi une véritable responsabilisation de l’individu : chacun est libre et a les moyens, à son échelle, même très réduite, de mettre en place des actions dans son quotidien pour un avenir durable. Tout le monde a sa place : individus, associations, fonctionnaires, salariés, entrepreneurs, retraités, etc. On ressort ainsi de la salle plein d’espoir et d’envie de faire bouger les choses.

Le film se voulant un point de départ vers d’autres initiatives, c’est tout naturellement que s’est mise en place la plateforme Après Demain, recensant les projets qui ont vu le jour depuis que leurs auteurs ont visionné le film Demain. De natures diverses et variées, ils proposent encore plus de solutions concrètes pour diminuer son empreinte écologique. Après Demain propose également des exemples pour agir au quotidien, comme opter pour un fournisseur d’énergies renouvelables, acheter dans des commerces locaux et indépendants …. Le film Demain a par exemple donné l’idée à Robert Chassan de créer le marché du 12, supermarché alternatif implanté dans le 12ème arrondissement de Paris.

Et nous demain, que pouvons-nous changer ?

A la projection du documentaire Demain, c’est bien sûr la question que nous nous sommes posés.  Ingénieurs, fans de design et de maths, écolos convaincus qu’une transition écologique est possible, l’idée était toute fléchée pour nous : un assistant d’économies d’énergie basé sur de l’intelligence artificielle. Nous avions le projet en tête et sans doute avions nous besoin de l’énergie du film pour y aller ! De quoi utiliser nos compétences et modestement essayer de proposer un outil d’économie d’énergie pour simplement et efficacement baisser notre consommation d’énergie à la maison. De là, est né ecojoko.

Mais ce n’est pas aussi simple !

Et pourquoi pas ? Le documentaire a bien sûr fait l’objet de réserves lors de sa sortie en salle : il lui a souvent été reproché un manque de vision collective (pas de référence à l’échelle intra et inter étatique pour agir), et le côté utopiste et marginal des solutions présentées face à la puissance des lobbys industriels polluants. Si les solutions présentées mettent souvent l’accent sur l’individu, le film ne nie en aucun cas les réformes collectives et politiques à mettre en place. Ainsi, la rubrique Après Demain propose des exemples d’actions environnementales et sociales à mettre en place à plusieurs et au niveau politique. Des citoyens responsabilisés permettront aux idées politiques allant dans ce sens de rencontrer plus d’échos. Les consommateurs, par les choix qu’ils font au quotidien, ont aussi le pouvoir de changer les choses, en témoigne l’expression  de plus en plus utilisée « to vote with one’s wallet » (voter avec son porte monnaie). Beaucoup d’améliorations écologiques passent bien évidemment par le collectif, le politique, par l’action inter et intra gouvernementale.

En présentant des initiatives pour changer le monde, le film Demain est devenu un catalyseur de solutions aux enjeux environnementaux et sociaux. Encore aujourd’hui à l’origine de nombreux projets, le documentaire nous réserve encore de belles surprises ! Et vous ?